Indications de mise en scène

La pièce comporte relativement beaucoup d’indications de mise en scène. Elles ont été écrites davantage pour les lecteurs que pour les interprètes. L'absence de didascalies ralentirait la lecture, il faudrait plus de temps pour imaginer le contexte - et le lecteur veut aller vite...

 

Le metteur en scène et les actrices feront ce qu'ils voudront (et ce qu'ils pourront) de Toutes ces âneries sur les femmes, à la seule condition de ne pas fausser leur philosophie. Le dramaturge n'a pas à leur imposer sa vision de la transposition de son texte sur la scène. D'ailleurs, il est rare que l'auteur soit capable d’être le metteur en scène de sa pièce de façon créative car ces deux arts n'utilisent pas le même langage. L'écrivain est seule devant sa feuille blanche, tandis que le théâtre est un art collectif où chaque participant enrichit les autres.

 

Les étudiants de l'Université de Théâtre de Bratislava (VŠMU) ont été les premiers à porter les Âneries sur les planches et s'en sont très bien acquitté. Ils ont traduit en slovaque la 4e version de la pièce (celle qui figure ici est sans doute la dernière) et l'ont présentée au public sous forme de lecture – spectacle. Comme il s'agissait d'un projet d'études qui ne devait donner lieu qu'à deux représentations, les 10 et 12 décembre 2012, ils n'ont pas appris toutes leurs répliques, mais les ont lues, s'adressant soit à leur partenaires, soit aux spectateurs. Par moment, leur jeu était interrompu par des commentaires de Guy, puisés dans ma correspondance avec la traductrice. Privilégiant les parties divertissantes, ils n'ont pas utilisé la totalité du texte. Ainsi leur spectacle relevait-il plutôt du „café-théâtre“. Léger, joyeux, il exprimait somme toute mes intentions, même si un peu superficiellement. (Des photographies de ces représentations se trouvent à l'onglet « images »).

 

Représentation à Bratislava en décembre 2013. Photo Pavel Truben

 

Depuis, ma pièce est devenue plus riche et devrait tout de même être jouée dans sa totalité.

 

Certains de mes premiers lecteurs ont pensé que les Âneries étaient une ouvre littéraire plutôt que théâtrale. Le plus simple serait donc de l'interpréter à la manière de „comédies de conversation“ britanniques dont les acteurs se concentrent sur la parole brillamment maîtrisée, au détriment de l'action. Cependant, Le monologue du vagin d'Eve Ensler, conçu au départ pour être lu, donne finalement lieu à de nombreuses et variées représentations d'une ou de plusieurs actrices.

 

J'espère donc que ma pièce offre un support suffisant pour un spectacle „en trois dimensions“. Depuis la version présentée à Bratislava, j'ai précisé et approfondi les caractères des personnages, créé des conflits entre eux, ajouté quelques „coups de théâtre“ et diversifié les sujets traités. L'éventail thématique et stylistique est devenu plus large ce qui devrait aider à maintenir vive l'attention des spectateurs. Il s'agit bien toujours des idioties que les hommes ont écrit sur les femmes, mais j'ai un peu plus insisté sur les conséquences des préjugés masculins sur la vie des femmes dans différents coins de la planète.

 

A une exception près, j'ai passé outre les bêtises d'auteures féminines qui, pourtant, peuvent être „conséquentes“, elles aussi. Ainsi, par moment, la comédie d'origine tourne-t-elle au drame.

 

Femmes, la publicité vous aime, aimez-la!

 

Le sujet est « porteur » et le faire interpréter par six jeunes femmes jolies et séduisantes pourrait ajouter une raison pour que le public se déplace. Eros et Dionysos sont des divinités puissantes qui aiment s'amuser. Ils n'apparaissent pas trop dans la version écrite des Âneries, mais il serait étonnant qu'ils passent complètement à côté de sa représentation.

 

Toutefois, je peux tout aussi bien imaginer que les Âneries soient jouées par six actrices mûres qui, tout en s'amusant de la faiblesse des hommes, se moqueraient un peu d'elles-mêmes. L'âge aide... Ou bien, cinq d'entre elles affronteraient la jeune Magali: un plus grand écart entre elles soulignerait la différence de compréhension du monde par diverses générations.

 

Pendant un moment, j'ai songé à „transporter“ une des héroïnes dans la salle d'où elle lancerait ses répliques. L'agressivité de la philosophe Camille pourrait supporter un tel traitement, ne serait-ce que pendant une partie de la pièce. J'ai aussi pensé à ajouter un „vrai-faux spectateur“ qui dérangerait la représentation par quelques répliques „macho“. Il y a sûrement bien d'autres possibilités.

 

La pièce pourrait même être jouée, tout simplement, telle que je l'indique par mes didascalies. Sa version courte exprime les mêmes idées de façon plus condensée. Elle est moins argumentée mais peut-être plus facile à jouer.

 

J'attends impatiemment les propositions des metteurs en scène et des actrices. Il n'y a pas de limites à l'imagination.

 

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Durée du spectacle:

 

A Bratislava la représentation a duré 45 minutes. Ma version courte pourrait être représentée en une heure. La pièce en entier devrait durer entre deux fois trois quart d'heure et deux fois une heure, séparées par un entracte.

 

En France, les théâtres ont perdu l'habitude de proposer au public un entracte mais c'est bien dommage. Il est agréable de pouvoir discuter avec des amis, et même avec des inconnus, surtout s'il s'agit de sujets aussi „brûlants“ que ceux proposés parToutes ces âneries sur les femmes.

Dessin Vlasto Gona